mercredi 31 juillet 2013

Acte II, Scène I Quand les choses deviennent sérieuses !

La pose du Port-a-cath fut réalisée le 2 mai. Intervention certes sous anesthésie locale mais non moins éprouvante. L'introduction d'un corps étranger n'est jamais très agréable. Je retrouvais donc avec joie la chirurgien assistée d'un interne visiblement néophyte d'après les commentaires entendus. Car si on ne voit rien, on entend tout, ce qui est franchement perturbant.  

Elle dure 30 à 45 minutes, longues secondes pendant lesquelles le chirurgien « manœuvre » pour le placer correctement sur la veine. L’anesthésie locale permet bien sûr de ne pas souffrir, mais la pose est physiquement et psychologiquement quelque peu éprouvante. Cette épreuve passée, je me retrouvais à l'hôpital de jour à côté d'une autre chanceuse avec elle un cancer de l'utérus. Je constatais également que j'avais une très jolie cicatrice de plusieurs centimètres alors qu'elle ne doit faire que 2 ou 3 sur les manuels... 
Merci à Aurélia de s'être déplacée malgré sa grossesse pour jouer les gardes-malades.
La suite fut peu douloureuse et me permit de changer d'air.
Après cela je me donnais une semaine de répit où je descendis la côte d'Opale puis une partie de la côte Normande. Petite escapade qui néanmoins s'avéra dépaysante car je ne connaissais pas la plupart des villes traversées.

A mon retour il fallut bien me faire une raison et réaliser que j'allais subir cette fameuse et tant redoutée chimio. Avec un peu de chance et malgré mes appréhensions j'avais fini par me dire que finalement ce ne serait peut-être pas si terrible... La suite le dira.

Rendez-vous donc le 14 mai dans ce service maintenant devenu familier.  Au préalable on vous prescrit un puissant anti-nauséeux, je n'ose même pas imaginer le résultat sans ce médicament vu le résultat déjà avec !!
Chacun est installé dans un petit box, les infirmiers et médecins oeuvrent en silence, tout et bien rôdé. Rien à dire côté organisation, qualité de service et soins apportés aux patients.  Après désinfection je me retrouvais donc "accrochée" de tout un lot de perfusions, 4 ou 5 poches de produits suspects et peu engageants prêts à s'écouler et produire leur effet dont un rouge du plus bel effet.  J'avoue que j'ai eu du mal à réaliser, que MOI !! J'étais en train de faire une chimio !! C'est une idée qui ne m'a jamais traversé l'esprit et sans doute grand orgueil que de ma part, jamais ô grand jamais je n'aurais pensé un jour avoir un cancer du sein !! Bref, pendant la séance, rien de bien particulier si ce n'est un goût métallique. Je m'offris même le luxe du repas proposé, que je regrettai aussitôt tellement il est médiocre et immangeable. Zéro pointé pour la "bouffe" !! Je tiens à remercier Odile qui malgré les circonstances et son âge est venue m'accompagner durant toute la séance.

Puis je regagnai mes pénates en taxi, contente d'en avoir fini. C'est là que les choses se corsèrent sérieusement et que je compris pourquoi le personnes qui ont eu des chimios en parlent avec beaucoup d'émotion. Vers 17H00, une affreuse nausée commença, impression assez indescriptible ou toute odeur, mouvement devient un supplice. On se sent envahi d'un liquide amer, omni présent qui perdure très longtemps. Pour ma part, j'ai eu droit aux nausées les plus violentes et ce malgré toutes les précautions que j'avais prises. L'estomac semble alors avoir perdu tous ces repères et se contracter douloureusement. Manger devient alors une épreuve car tout a un goût absolument affreux, seul le citron sembla passer, je pris donc des litres de citrons au miel. J'avais pris une jolie couleur jaune, ce qui fit beaucoup rire mes enfants à chaque retour de chimio. Sans doute à cause du produit rouge injecté. Je passe sur le mal de tête toute la nuit, telle une barre tenace, les problèmes de digestion et la fatigue persistante. Le surlendemain, je pris un RDV chez un acupuncteur non loin qui me reçut entre 2 patients. Beaucoup de personnes en effet font une séance la veille et le lendemain. Quoiqu'un peu dubitative, j'avoue que cette séance fut bluffante. Je ressortis avec infiniment moins de nausées. Puis passé une semaine, elles s'atténuèrent pour de venir beaucoup envahissantes. 
Reste l'effet le plus notaire et le plus spectaculaire à savoir la chute des cheveux. Déjà quelques jours après la chimio, les pauvres avaient piètre allure, ternes, cassants et je pris les devants me rendant chez 2 perruquiers dont l'un Elite pour ne pas le citer est vraiment le mieux à mon avis. Celle qui reçoit est charmante, compétente, et présente les choses avec beaucoup de tact. Je m'y rendis un samedi matin avec Blandine et j'avoue que nous avons bien rigolé en essayant divers modèles parfois bien loin de ma coiffure actuelle. Puis je jetai mon dévolu sur une perruque blonde car c'était la seule qui m'allait vraiment bien. Je devais la récupérer le mardi suivant, pensant avec beaucoup d'optimiste que ma précieuse chevelure tiendrait jusque là. C'était sans escompter les effets sur ma personne. Dès le dimanche, ils tombaient pas poignées entières, en parsemant l'appartement, ça devenait glauque cette histoire. Je passais donc récupérer ma perruque le mardi et elle en profita pour tout raser. Sur l'instant cela me laissa de glace, j'anticipais depuis quelques mois cette douloureuse opération, tel un film qu'on se repasse en boucle. Ce fut le dimanche suivant que je réalisais enfin la nouvelle tête que j'aurais à trainer plusieurs mois d'affilées. C'est étonnant, déconcertant et on réalise enfin que quelque chose de radical est arrivé. 


Passé cet épisode stressant à souhait, ce  fut presque "en forme" que je finis ces 3 semaines en tentant de faire un maximum de choses, car en parallèle, la vie continue et tout est à faire au quotidien surtout avec 3 enfants, enfin ados pas vraiment compréhensifs, c'est le moins qu'on puisse dire. Je tâchais également de suivre à la lettre les consignes de mon nutritionniste et autres médecins qui me conseillèrent vivement de bouger un maximum. C'est ainsi que je suis tombée sur l'association CAMI destinée à aider et soutenir les malades durant leur traitement et après.

Chanceuse, je découvris un cours à l'hôpital Saint Louis tous les mercredis. C'est l'occasion de faire un peu de sport et voir d'autres personnes atteintes de la même maladie sans être gêné par le regard des autres.
Les jours où ce n'est pas la grand forme, je vais marcher au parc de La Villette, juste à côté. C'est ainsi que tout le mois de juin j'ai vu tous les matins les répétitions des chevaux de Bartabas. L'air y est plus frais, et le canal y apporte un note aérée. Les jours de très grande forme, je me hasardai en vélo jusqu'à Pantin en longeant le canal. L'essentiel est de ne pas rester chez soi cloitré. Sinon on finit vite en légumes. Par contre contrairement à ce que je pensais, je ne perds pas un gramme et ce malgré tous mes efforts. Sans doute les produits, les corticoïdes, le stress...

Après ces 3 semaines, il fallait bien se rendre à l'évidence que la seconde chimio était déjà là !
Cette fois-ci c'est Louis qui s'y colla. C'est vrai que ce ne fut pas pour lui une matinée très sympa mais au moins plus tard, il pourra en parler.

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