Aujourd'hui la tempête fait rage, une de plus me direz vous, c est le moment de faire un petit bilan. Car j' attaque le 3 ème hiver dans le Cotentin et ce n'est pas la saison la plus folichonne c est même la pire qui soit.
Comme dans tout engagement et choix personnel il y a le positif et le négatif. Reste à voir lequel prédomine.
Chaque jour qui passe, m'apprend un peu plus et je de découvre en "live" la vie à la campagne. La vraie, pas celle des magazines ou des documentaires qui pullulent actuellement sur les réseaux sociaux ou les chaînes boboïsantes. Et j' avoue que je prends conscience du fossé qui sépare la ville de la ruralité. Car les uns ne peuvent vivre sans les autres et pourtant il subsiste cet incompréhension, ce dénigrement, cette méconnaissance de ce métier si âpre et ingrat. L'agriculture, l'élevage, le travail de la terre est pénible, hasardeux et soumis aux caprices climatiques, aux prix dérisoires des produits retrouvés très chers sur les étals des supermarchés. En parlant avec des agriculteurs je suis sidérée des retraites misérables après des années de labeur.Un litre de lait est acheté 30 centimes par exemple à mon voisin agriculteur et le prix est le même depuis 20 ans !!! Et pourtant en magasin il est loin d'être à ce prix. Moi qui ai troqué mes escarpins, mes tenues citadines contre des bottes boueuses je peux affirmer que la terre, l'élevage, la dépendance aux conditions climatiques, les tracasseries administratives, les charges disproportionnées par rapport aux revenus représentent des difficultés souvent décourageantes et je comprends le désarroi rural et le désespoir qui en découle.
Et là quand je traine péniblement mes brouettes remplie de bois pour le chauffage, que je tente vainement d' attraper un animal récalcitrant pour lui faire une injection, que je découvre des animaux morts après 6 mois d élevage, une tempête de plus détruire le fruit de plusieurs mois de plantation je me prends à regretter l'appartement douillet parisien et mes escapades dans les boutiques et je me sens parfois misérable dans mon ciré peu attrayant et inesthétique.
Voici pour les aspects négatifs.
Heureusement chaque jour réserve aussi son lot de satisfaction et de petites joies. Je me dis apporter, à ma très petite échelle ma contribution à la vie locale en créant de l'économie. Cette petite ferme restaurée c'est un projet enthousiasmant et une création d' emploi puisque je parviens à en vivre. Certes j'aurais pu employer cet argent à faire de beaux voyages dont je rêve depuis longtemps et que je repousse tous les ans ou à m'acheter de très chics sacs à main que j'aurais entassés dans mon armoire mais en aurais-je la même fierté ? Non je ne crois pas. Car rien ne remplace l'espace, la liberté de pouvoir choisir ses horaires, la fierté de produire soi-même ses légumes et sa viande et de les déguster. C'est un bonheur inexprimable d'admirer les somptueux levers de soleil en distribuant le foin et s'amuser naïvement des mimiques des poules et de mes lapins. Je me trouve parfois bien naïve de rester ainsi à les observer. Voir mes légumes pointer le bout de leur nez me réjouit, respirer l herbe fraîche me fait oublier mes petits tracas, caresser le doux pelage de Noisette me réconforte. Alors oui pour certains je suis sans doute utopique et inconsciente mais je m'accroche et je rêve à d'autres projets qui peut-être un jour prendront forme.
Bienvenus au Clos Giot et longue vie aux doux rêveurs et aux ambitieux !!
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