jeudi 12 septembre 2013

Acte III Scène I Taxotère

Passé les 24 heures de répit où je crus naïvement passer entre les mailles du filet, tout se corsa rapidement. Tout comme je l'avais lu ailleurs sur maints articles, ce sont les extrémités qui en prennent un coup. On sent bien que ça travaille au niveau des jambes et pas que... Les pauvres deviennent si lourdes qu'il devient difficile de traverser le salon. La seconde nuit fut atroce avec des sensations de piqûres aigües dans les chevilles. J'ai beau les mettre dans l'eau, les masser rien ni fait et comble de malheur, il fait très chaud. Les jours suivants sont rythmés par un tas d'effets tous plus pénibles les uns que les autres, douleurs intestinales ( je passe les détails) mal à la gorge, mal à la tête, fatigue sans nom, un vrai légume...On a l'impression que tout y passe, les pieds, les jambes, la tête, les mains, le ventre Alouette !!
S'aventurer dehors devient une vraie expédition tellement on est mal. Du coup je ne sors plus, ce qui est vraiment frustrant. Après un week-end suffocant Chantal me prête un ventilateur car l'air est vraiment lourd. Nous qui attendons le beau temps depuis des lustres, voici que je regrette la froidure. Mes super remèdes naturels m'aident bien quand même j'imagine, vive la Propolis, le Desmodium et toutes mes gélules quotidiennes. Lundi, ça ne va guère, j'ai de la fièvre. Je vais voir mon généraliste qui me prescrit des antibiotiques, manquait plus que cela. Mercredi je commence le traitement, jeudi, toujours de la fièvre. J'appelle l'hôpital qui me dit de faire une analyse en urgence.
L'après-midi ils me rappellent pour me dire que les résultats sont très bas, je n'ai plus aucune défense immunitaire, c'est une aplasie totale. Néanmoins, désireuse de voir mon fils le lendemain je me dis que je vais encore attendre.. Vendredi, plus de 39°C, je rappelle l'hôpital qui me dit de venir au plus vite. En 20 minutes  je fais mon sac, appelle mon copain taxi et s'est parti.

Ce qu'il faut emporter à l'hôpital: sa chouette et son coussin en Liberty !!
Arrivée là-bas on me conduit dans ma "suite" où je vais rester enfermée, c'est à dire en isolement !! Je ne m'y attendais pas. Puis série de prélèvement, pose d'une perfusion et début des hostilités. Les poches d'antibiotiques se succèdent. Bon la première journée ça va, la deuxième bof et la troisième, j'en parle pas... Les visiteurs ont un masque et une blouse, ça c'est le côté marrant, mais pas sortir, je comprends qu'on puisse devenir enragé. 

Docteur Louis !

Sans parler du bruit sachant que je suis côté rue et que la circulation est vraiment bruyante de jour comme de nuit. Enfin, je tâche de m'occuper entre les livres, magasines et TV où je regarde un peu tout et n'importe quoi. L'été les programmes sont assez insipides, sauf ARTE où je regarde pas mal de reportage fort intéressant.  Moi qui suis clouée au lit, j'ai soudain très envie de partir très loin en regardant tous ces magnifiques paysages.  En même temps j'ai mal partout, j'ai l'impression d'avoir été passée au rouleau compresseur, sans parler des dents, du ventre... La joie quoi !! Lundi n'ayant toujours pas de nouvelles de ma sortie je demande à ce que le médecin vienne me voir. J'ai d'abord la bonne nouvelle d'apprendre que je peux sortir de ma chambre, ni une ni deux, je me précipite dans le hall pour faire 1 petit tour. Bon en même temps avec mes perfusions et en chemise de nuit, ça fait vraiment malade, les gens me regarde en biais et doivent se dire "la pauvre, si jeune !!" Enfin c'est moi qui me dis cela. Faut dire qu'il y a de tout dans cet hôpital, de la maternité aux petits vieux en soins palliatifs.
Puis je remonte car je fatigue vite. Enfin de compte, le médecin m'annonce que je peux sortir et que je continuerai mon traitement à domicile. Youpiii !! C'est à ce moment là, qu'on réalise la chance qu'on a d'être en bonne santé et de pouvoir aller et venir comme on veut. Avant on n'en a pas conscience puisque c'est dû.
Donc lundi soir, fin de mon séjour. N'en pouvant plus de la chaleur qui sévit toujours, je décide de partir quelques jours à la mer sur conseil de l'oncologue.
Enfin de l'air, de l'espace et du calme pendant ces quelques jours tant attendus.
Passé cet intermède il me faut bien regagner Paris. Car les séances ne sont pas terminées. Il m'en reste 2, cela me semble insurmontable et pourtant si proche.
C'est là que je me suis aperçue que mes cheveux repoussaient !! Bon bien sûr on est loin de la chevelure opulente de mes 15 ans mais c'est un début. J'avoue néanmoins que pour l'instant ça ressemble plus à la coiffure de Louis de Funès qu'à autre chose. Ma coiffeuse aura fort à faire pour que j'aie un aspect convenable, mais ça c'est une autre histoire.


Blandine m'accompagne le matin. Cette fois-ci les doses semblent être moins importantes et j'ai droit à 5 injections dans les jours qui suivent de Granocyte: médicaments stimulant la production de globules blancs par la moelle osseuse (facteurs de croissance de globules blancs)  afin d'éviter une aplasie totale.
Aplasie:  Il s’agit d’une très forte diminution simultanée du taux des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. C’est un effet secondaire temporaire lié au médicament utilisé dans le cadre de la chimiothérapie. 


Quels sont les risques provoqués par la survenue d’une aplasie ?

Les conséquences d’une aplasie sont liées aux fonctions des divers composants du sang. Si leur quantité baisse, leurs fonctions dans l’organisme seront diminuées.
Les globules rouges sont responsables de l’oxygénation de vos organes, notamment de vos muscles. Leur diminution s’accompagne d’une fatigue importante, voire de malaises.
Les plaquettes jouent un rôle essentiel dans la coagulation. Leur baisse peut alors vous exposer à un risque hémorragique accru.
Les globules blancs (tout particulièrement les polynucléaires) sont des cellules de votre sang impliquées dans la protection de votre organisme. Leur diminution limite votre capacité à vous défendre contre les infections.

Passé cet intermède médical le scénario de la première fois me semble bien parti pour être reproduit. Mal de gorge très présent, fièvre, sans ces injections il est clair que j'allais droit à l'hôpital.
Un RDV est alors prévu avec l'oncologue car septembre approche et je ne pourrai me permettre d'être dans le même état avec 3 enfants à gérer. C'est bien ce qui me perturbe depuis le début de ce Protocole.

Bon allez suite au prochain numéro...


Et merci pour tous les cadeaux, appels, mails et visites. Cela aide franchement à tenir au fil des jours.





 

1 commentaire:

  1. Bravo Aline, il faut continuer absolument, c est tres beau tut ce que tu fais, bon courage
    et bonne continuation
    Clara

    RépondreSupprimer

2019 : Bilan des dernières années passées dans le Cotentin.

Bilan des 3 dernières années passées dans le Cotentin. Aujourd'hui la tempête fait rage, une de plus me direz vous, c est le moment de...